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Dejou, quand les jouets étaient en bois

Un jour, au détour d’une brocante, le Chimacien Patrice Saladin tombe en admiration devant un ancien jouet en bois de belle taille. Le coup de cœur se transforme aussitôt en achat.

Quelques temps plus tard, notre homme découvre qu’il s’agit d’un jouet de la marque française Dejou, qui fut de 1948 à 1980 la plus importante fabrique française de jouets en bois. Dix ans plus tard, le coup de cœur s’est transformé en véritable passion et le collectionneur écume toujours les brocantes, les salles de ventes et les sites spécialisés pour dénicher de nouveaux trésors.

Établis dans le Cantal depuis 1872, les Établissements Dejou – Féniès & Fils & Lartigue produisaient à l’origine des ustensiles en bois (poignées d’ombrelle, de parapluie, porte-manteaux, manches, tables, tableaux…). Fin des années 1930, l’entreprise réoriente une partie de sa production vers la fabrication de jouets. Selon la saison, l’entreprise modifie alors ses machines pour pouvoir produire avant Noël des camions, des grues, des tracteurs etc. Après les fêtes, Dejou revenait à ses produits traditionnels.

Le premier jouet fabriqué par Dejou était un char à bœufs. Les animaux étaient réalisés en bois de tilleul et d’aulne, le char en hêtre, l’ensemble était poli, ciré et le plus souvent peint en jaune & acajou. Cet attelage ornera de nombreuses couvertures des catalogues Dejou et restera pendant presque cinquante ans, l’une des vedettes de l’entreprise auvergnate avec quelque 200.000 exemplaires vendus.

Les jouets Dejou sont aisément identifiables grâce à leur morphologie sobre et robuste, leurs déclinaisons chromatiques et leurs grandes dimensions (de 30 à 60 cm en moyenne). L’entreprise produira jusqu’au milieu des années 1980 plus d’une centaine de modèles de jouets différents en bois : aux charrettes fourragères et tombereaux tractés par des chevaux, succèderont les camions, grues, trains, tracteurs, le plus souvent grâce à des reconstitutions qui laissaient presque penser qu’elles fonctionnaient. À sa manière, le jouet Dejou témoigne d’un monde en pleine mutation avec ce passage d’une société traditionnelle et rurale à une société industrielle. Mais il restera toujours inspiré par le mouvement moderniste avec ses lignes épurées et arrondies, son bois teinté et non décoré, où dominent les couleurs primaires, rouge acajou, jaune et noire. Avec, en parallèle, du mobilier pour poupées : lits, meubles, poussettes, etc.

Dans les années quatre-vingt, le secteur du bois, les industries du meuble et celles du jouet traditionnel, concurrencées par les matériaux plastiques et les fabrications étrangères à moindre coût, traverseront une crise sans précédent. et, en 1985, la firme Dejou est contrainte de mettre la clé sous la porte.

Aujourd’hui, les jouets sont très recherchés par des collectionneurs qui ont l’envie de reconstituer un univers qui a enchanté leur enfance, en ravivant la nostalgie de la chaleur et de la douceur du bois. Et peut-être aussi de rendre hommage à ces fabricants qui ont permis à des bambins de jouer avec de véritables chefs-d’œuvre. Le graal, c’est aussi de dénicher les pièces rares, comme les trains en bois et leurs rails, les petites faucheuses, le fameux scooter qui a nourri les fantasmes de tous les petits garçons, ou encore le camion et son canon.

Playmobil, depuis 50 ans
Patrice Saladin est aussi un grand fan de Playmobil. Une partie de sa collection sera exposée dans le cadre d’une exposition présentée au Toys Discovery Musem de Bruxelles pour marquer les 50 ans de la marque allemande.

C’est donc en 1974 que sont présentés au Salon du jouet de Nuremberg trois petits bonshommes en plastique particulièrement résistant (un amérindien, un chevalier et un ouvrier). Quoique mal accueillis par la profession, ces personnages connaissent un succès immédiat : en trois ans, les ventes passent de vingt millions à plus de cent millions de marks. C’est le début d’une succes story qui continue encore aujourd’hui avec quelque 150 millions de figurines produites chaque année. Les personnages Playmobil sont stylisés avec la tête deux fois plus grosse que nature. Ils tiennent debout et mesurent 72 mm sans chapeau. Les articulations, d’abord au nombre de quatre (tête, épaules, axe du bassin), sont passées à six avec les poignets.