Le Carnet du collectionneur Le Carnet du collectionneur

Coup de jeune sur l'art tribal africain

Deux jeunes collectionneurs sont aux commandes d'une galerie d'art tribal qui tisse sa toile sur le net. Bienvenue chez L&Z Arts.

Ils ont créé une galerie virtuelle, mais leur dynamisme et leur expertise sont bien réels. Passionnés d’art tribal et eux-mêmes collectionneurs, Stéphane Loiseau et Etienne Zajega se sont lancés l’an dernier dans le marché de l’art tribal, et plus précisément celui de l’art africain.

 

Masques, statuettes, bronzes, objets usuels ou encore vanneries : « C’est un vaste monde, sourit le premier nommé, car il y a un déjà quelques 300 ethnies différentes au Congo et environ 2.000 dans toute l’Afrique. On va donc passer le reste de notre vie à apprendre ».

 

Pour découvrir leur univers, rendez-vous sur la toile : la galerie L&Z Arts se découvre et s’expose via le très beau site internet www-art-tribal-africain.com, conçu et géré par Etienne Zajega qui y déploie sa fibre artistique et ses talents littéraires.

 

Les deux compères expliquent fonctionner le plus souvent au coup de cœur, avec une préférence pour les petites pièces aux traits fins. La recherche se concentre principalement sur les objets africains anciens, de la fin du 19e siècle jusqu’aux années 1920. La qualité et l’authenticité sont bien sûr des critères de base. « A force de regarder, de toucher et d’ausculter des objets, on acquiert de l’expérience et on sait vite repérer une bonne pièce. Il s’en dégage souvent une sorte de vibration, on observe si elle est saine, parlante, forte. Nous n’aimons pas les patines retravaillées et les ajouts ultérieurs sur des objets pour tenter de les rendre plus attractifs ».

 

Comment trouver des trésors ? Rien ne remplace bien sûr le bouche à oreille et le contact direct. Notamment avec des particuliers dont des aïeuls ont fait carrière au Congo dans la première moitié du 20e siècle. Il y a aussi le petit monde des collectionneurs, des spécialistes, des musées et encore des galeries spécialisées, que ce soit au Sablon bruxellois ou à Paris. Avec parfois d’intéressantes rencontres qui se prolongent de belle manière. Ainsi par exemple cette exposition Tribal Art Oostende qui s’est tenue au printemps dernier dans la galerie Papillon, à deux pas du casino de la Reine des plages. L&Z Arts y faisait ici cause commune avec le patron de l’endroit Jacques Lannoye, avec les collectionneurs belges Jean-Marie Delers et Vincent Kleinekorte, mais aussi avec le Musée International du Masque de Binche.

 

Une belle carte de visite pour nos deux jeunes collectionneurs qui préparent d’autres manifestations d’envergure, notamment en partenariat avec le Musée de Binche et le Musée Africain de Namur.

 

En attendant, Stéphane Loiseau et Etienne Zajega gèrent leurs activités et le développement de leur galerie dans leur quartier général, à savoir ces bureaux installés dans un petit zoning en bordure du canal, à Ghlin. L’endroit abrite aussi un studio photo et un local pour les expertises. « Ces expertises sont gratuites et nous nous déplaçons aussi à la demande. Nous sommes très disponibles. L’important, c’est de développer une relation de confiance, pour faire comprendre a nos interlocuteurs que nous ne sommes pas de simples marchands en quête d’une bonne affaire. Et comme nous n’avons pas de magasin avec pignon sur rue, nous avons moins de frais et nous pouvons nous permettre de pratiquer des prix de vente très raisonnables. Nous gardons aussi certaines pièces pour lesquelles nous avons eu un coup de cœur. En fait, nous sommes plus proche de l’univers des collectionneurs que de celui des marchands ».

 

 

A PART ENTIERE

On peut déjà définir l’art tribal comme non-occidental. Longtemps appelé art primitif, il est considéré comme un art à part entière depuis le siècle dernier et séduit par ses formes et les matériaux utilisés, mais aussi par les histoires qui se cachent derrière chaque création. Si on y retrouve des œuvres d’art océanien, précolombien ou encore aborigène, c’est surtout l’art africain qui suscite un intérêt majeur. L’art tribal réunit de plus en plus de passionnés. De nombreuses expositions attirent un nombre important de visiteurs et ce secteur du marché de l’art a généré en 2017 un chiffre d’affaires qui dépasse les 80 millions d’euros. Au-delà des marchands et collectionneurs, l’art tribal attire maintenant aussi une clientèle pus large, particuliers, décorateurs et architectes, désireux d’intégrer l’une ou l’autre pièce d’art tribal dans leur aménagements intérieurs.

 

 

AKUA’BA

Une légende guinéenne raconte l’histoire d’une femme appelée Akua qui n’arrivait pas à avoir d’enfants. Un prêtre fétichiste lui sculpta une poupée en bois, qu’elle porta sur son dos et qu’elle traita comme son propre enfant, malgré les moqueries des villageois. Mais Akua tomba finalement enceinte et accoucha d’une petite fille. Grâce à cette légende, de nombreuses femmes en Guinée transportent une poupée Akua’ba (« la fille d’Akua ») sur leur dos, dans l’espoir d’avoir un jour un enfant.