Carine et ses vieux nounours
Ils s'appellent Teddy, Tintin, Nestor, Martin, Bruno, ou encore, tout simplement, nounours.
Ils ont perdu une oreille, un bout de pied, ont parfois le nez arraché.
Ils reviennent à la vie grâce aux mains expertes de Carine Bonzi.
Ils attendent sagement sur les étagères de la grande pièce qui a été transformée en atelier. Des ours en peluche d’un autre âge, des doudous divers, et encore des créations réalisées le plus s ouvent « à l’ancienne » par la maîtresse de maison.
Cela fait maintenant 15 ans que la Wépionnaise Carine Bonzi s’est prise de passion pour cet artisanat qui combine la couture, la confection et la création. Elle en a fait son occupation principale sous l’appelation A pluche... si affinités. Au départ, il s’agissait surtout de créer de nouvelles peluches, mais le bouche à oreille a vite fonctionné au niveau de la restauration d’anciens ours en peluche. « Mes clients sont des collectionneurs, explique la maîtresse de maison, mais aussi et surtout des particuliers qui veulent redonner une nouvelle jeunesse à un jouet, ou plus exactement un ami d’enfance qui a souvent beaucoup compté pour eux ». Ces nounours qui ont beaucoup vécus présentent souvent des « cicatrices » importantes : perte d’un œil, oreille décousue, bout des pattes usées, revêtement en mohair élimé. « Il y a aussi pas mal de nez arrachés, le plus souvent par le chien de la famille qui adore jouer avec des ours en peluche », sourit l’infirmière. Mais comme l’affectif est ici primordial, une restauration à l’identique, et donc à l’ancienne, s’impose. Cela nécessite de bien se documenter, mais aussi de travailler avec les mêmes matériaux. Car un nounours des années 1940 ou 1950, qui est bien sûr aussi devenu un objet de collection, était rembourré en charpie de tissus ou en paille, garni d’un tissu en mohair, avec des yeux en porcelaine, en cristal ou en verre. Il était le plus souvent articulé, tête, bras et jambes, et contenait aussi parfois une boîte bruitage émettant un cri caractéristique lorsqu’on basculait la peluche d’avant en arrière. Il s’agit donc de fréquenter les salons spécialisés, principalement en Hollande et en Allemagne, pour acquérir le matériel et les tissus nécessaires.
Pour les créations récentes, il faut par contre tenir compte des normes de sécurité qui ont été mises en place progressivement et qui ont profondément changé la structure et aussi l’aspect des ours en peluche. Par exemple, les peluches actuelles ont le nez et les yeux clipsés de l’intérieur, donc impossible à enlever et à ingurgiter. Mais ces nouvelles peluches permettent à Carine Bonzi d’exprimer toute sa créativité avec des réalisations utilisant un matériau comme le skai par exemple. Etonnant aussi, cette « doublure » de Tatayet, la célèbre marionnette de Michel Dejeneffe, réalisée à l’identique. Celle-là, c’était juste pour le plaisir de l’exposer lors de manifestations publiques. Mais pas question de la vendre, bien entendu.
Infos: 0475/84 56 26 et www.a-pluche.be
L’ours de Teddy
Elu président des Etats-Unis en 1901, Theodore Roosevelt, surnommé « Teddy », participa un an plus tard à une partie de chasse dans le Mississipi. Bien que bredouille, il refusa de tirer sur un ourson qu’on lui présentait au bout d’une corde et la scène fut évoquée dans le Washington Post sous la forme d’un dessin humoristique. Ce dessin va inspirer un émigré russe qui tenait une boutique à New-York. Il baptisa du nom de « Teddy’s Bear » (ours de Teddy) la peluche confectionnée par son épouse. Le succès commercial fut immédiat et dépassa vite les frontières. C’est ainsi que l’entreprise allemande Steiff de jouets entrepris de fabriquer en grande série un ours-poupée articulé. Steiff sera ensuite concurrencée par des entreprises américaines et anglaises, ces dernières profitant de la Première Guerre mondiale pour se développer, profitant de l’interruption des échanges commerciaux avec l’Allemagne.
Teddy Girl
Le prix le plus élevé jamais atteint par un ours en peluche ancien a été payé lors d’une vente aux enchères en décembre 1994 chez Christie’s à Londres. Yoshihiro shekiguchi, homme d’affaires japonais et fondateur du Teddy Bear Museum à Izu, acheta pour le prix de 140.000 € un ours en peluche cannelle fabriqué en 1904 chez Steiff. Son propriétaire, le colonel Bob Henderson, célèbre collectionneur anglais, l’avait baptisé « Teddy Girl ».